Passage à vide intersidéral
Chaque année, c’est la même chose et chaque année, c’est extrêmement pénible. Il existe une période plus ou moins longue, quelques semaines après la rentrée US, où je n’aime rien. Mes séries m’ennuient, même les valeurs sûres. Les storylines me paraissent d’une platitude exaspérante et même mes personnages préférés arrêtent de me faire vibrer. Je ne sais pas si ça vous arrive. Si je savais que c’était fréquent, j’aurais presque envie d’appeler ça la déprime du sériphile.
J’ai souvent essayé de trouver l’origine de ce mal. Est-ce parce que je regarde trop de séries ? À force d’en accumuler et d’en accumuler, il se passe peut-être un truc dans le pays en guerre qu’est mon cerveau. Peut-être que ça y est, j’ai trop abusé, j’ai atteint le point de non-retour et j’ai réussi à me dégoûter de ma passion. J’avoue que c’est vraiment ma hantise, de perdre cette passion pour les séries. Du coup, j’ai vite tendance à céder à la paranoïa. J’ai beau me rappeler que cette phase m’arrive chaque année à la même époque et qu’elle finit par disparaître, je ne peux pas m’empêcher de flipper. Il paraît que l’excès est néfaste, peu importe la substance, j’imagine donc ça peut arriver pour les séries. Si cette passion devait un jour s’envoler, je me demande comment je le vivrais. Il faudra que je remplace ça par autre chose, la drogue ou l’alcool peut-être. Ou plus probablement, la nourriture. Bref, bon, voilà, vous voyez l’idée. C’est pas la fête à Sérieland. En ce moment, c’est plutôt Masérietoemaniaenberne.
Il y a peut-être une autre raison à cette baisse de régime soudaine, les sweeps de novembre. Pour ceux qui ne savent pas ce que c’est, rapidement, c’est la période où sont fixés les prix des spots publicitaires durant les différentes séries. Ces sweeps sont donc une période où toutes les séries tentent de ramener un maximum de gens devant leur télé par le biais, entre autres, de guests prestigieux, d’intrigues catastrophes, ou encore, de cross-over qui décoiffent. Du coup, le mois d’octobre, eh bien, on se retrouve dans une espèce de zone nébuleuse, entre la rentrée de nos séries préférées qui dévoilent la suite de leurs cliffhangers insoutenables et ces fameux sweeps de novembre qui promettent de beaux moments de télévision. Et ces séries que les networks s’efforcent de faire durer une vingtaine d’épisodes rament pour conserver un minimum d'intérêt. Vous voyez, ça, c’est l’esprit rationnel qui tente de se rassurer.
Honnêtement, je ne pense pas que l’une ou l’autre de ces raisons soit suffisante à elle seule. Il y a un peu de tout ça mélangé. Je regarde clairement trop de séries et certaines tournent vraiment au ralenti en ce moment. Rajoutez à ça l’automne avec ses journées raccourcies et son temps affreux, et vous voyez Monsieur Déprime rappliquer au galop. Si je pouvais l’attraper celui-là, son dentier goûterait à la semelle de mes chaussures et ses rotules ne ferait qu’un tour.
Il me reste qu’à attendre patiemment que cette phase s’estompe et laisse à nouveau la place à cet enthousiasme qui me manque cruellement en ce moment. Du coup, je vais peut-être en profiter pour regarder quelques films. Si eux me déçoivent, j’ai l’impression que c’est moins pénible. L’attachement n’est pas le même et je n’aurai pas à les revoir. Si une série que j’adore me déçoit, alors là, ça devient moche de chez moche. Pas moche comme un chihuahua qui a abusé des croquettes, non, plutôt moche comme ma tête au réveil. Oui, ben je peux vous dire que ça en a effrayé beaucoup !
Sur ce, je vous souhaite une bonne nuit, soirée ou journée, peu importe l’heure à laquelle vous me lisez. N’hésitez pas à me dire si ça vous arrive aussi, ce genre de phases absolument répugnantes, on pourra créer un groupe de soutien !